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« Amplifier la réponse entrepreneuriale en ruralités », un programme soutenu par le collectif « Territoires d’engagement »

Entretien avec Eric d’Engenières, directeur des programmes de la Fondation Entreprendre

T&F

Le fonds de dotation Terre & Fils est engagé depuis cette année dans le collectif d’action « Territoires d’engagement » lancé par la Fondation de France. Ce dispositif porte notamment l’appel à projets « Amplifier la réponse entrepreneuriale » initié par la Fondation Entreprendre, qui s’inscrit dans la continuité d’« Entreprendre la ruralité » que soutenaient également Terre & Fils, la Fondation RTE pour les ruralités et les activités sociales d’AG2R La Mondiale.

Le collectif Territoires d’engagement

Ce nouveau programme apportera un soutien financier (entre 30 000 € et 100 000 € par an) et un accompagnement spécifique pour une durée de 3 ans (2026-2028) à 8 lauréats. Cette fois, il s’agira moins de faire émerger de nouveaux projets entrepreneuriaux en ruralité que de consolider et « amplifier » des initiatives déjà en place. Eric d’Engenières, directeur des programmes de la Fondation Entreprendre, nous explique les enjeux du dispositif.

Pouvez-vous présenter l’appel à projets ?

« Amplifier la réponse entrepreneuriale en ruralités » est davantage un appel à contributions qu’un appel à projets. La logique est un peu différente : le principe est de sélectionner 8 partenaires qui vont travailler avec nous pendant trois ans. L’objectif est donc de créer un collectif plutôt que de soutenir des projets individuels, d’amplifier des dispositifs d’accompagnement entrepreneuriaux déjà en place en ruralité et de restituer de la valeur pour les territoires.

Amplification ruralités | Fondation Entreprendre

Avez-vous des attentes spécifiques sur les lauréats ?

Notre priorité, c’est de créer un collectif qui reflète la diversité de l’accompagnement entrepreneurial en ruralité. Cette diversité peut toucher les modes (émergence, développement, reprise), les typologies d’acteurs (ancrés localement ou bien à une échelle plus large, régionale par exemple) et les formes (associations, fédérations, coalitions avec des collectivités territoriales).

Cette diversité constituait déjà un élément important du programme « Entreprendre la ruralité » ; nous disposons donc d’une ingénierie opérationnelle adaptée à l’animation et la co-construction en partenariat avec un collectif d’acteurs divers, associations, mécènes ou encore agences publiques. Nous utiliserons d’ailleurs le travail de formalisation mené par Les Petites Rivières », l’Agence Phare et Impact Track pendant le programme « Entreprendre la ruralité ».

Quels sont justement les outils que vous allez mettre en place pour animer ce collectif ?

Le premier point important à souligner, c’est la posture que nous souhaitons adopter dans le collectif (mécènes, experts, lauréats). Si chacun arrive avec ses spécificités, nous sommes tous partenaires autour d’objectifs communs. Des temps réguliers seront donc organisés pour réunir tout le monde, afin, dans un premier temps, de mieux comprendre le sujet ensemble, et notamment de continuer d’identifier les freins au développement de l’entrepreneuriat en ruralité, qu’ils soient liés aux acteurs eux-mêmes, ou bien à la ruralité (isolement, difficultés d’accès au marché, etc.). Ainsi, nous soutiendrons les lauréats dans une démarche de co-développement, afin de favoriser les échanges de bonnes pratiques et renforcer la réussite des projets.

Nous savons, grâce au programme « Entreprendre la ruralité », que l’entrepreneuriat en ruralité est un levier sous-estimé pour la revitalisation des territoires. La mesure d’impact a déjà été réalisée et elle nous fournit une nouvelle base de travail. Les enjeux de la R&D seront donc plus concentrés sur le renforcement que sur l’innovation. L’intégration du nouveau programme dans le collectif « Territoires d’engagement » porté par la Fondation de France nous permet d’ailleurs d’impliquer des experts de ces problématiques.

Qu’est-ce que vous mettez derrière le terme « amplifier »?

Avec « Entreprendre la ruralité », on a identifié un « trou dans la raquette ». Pour rappel, ce programme avait pour but de faire émerger des modes d’accompagnement de projets entrepreneuriaux en ruralité. Nous nous sommes rendu compte, à l’issue des trois ans du programme, qu’il restait des enjeux importants, en particulier la pérennité des projets et la permanence de freins, notamment financiers. Dans certains territoires, ce type d’accompagnement n’est toujours pas disponible. Il faut donc aller plus loin. Enfin, les associations nous ont souvent fait ce retour : elles rencontrent encore des difficultés de financement sur le long terme. La nouveauté attire, mais pour que les projets se concrétisent pleinement, il faut du temps. Il y a donc un risque de dispersion.

« Amplifier », ce n’est donc pas forcément se développer ou changer d’échelle. On peut par exemple faire en sorte qu’un maximum de porteurs de projets en ruralité connaissent ce type d’accompagnement et en bénéficient pour faire rejaillir de la valeur dans le territoire, c’est-à-dire amplifier l’impact et le transfert de compétences d’acteur à acteur. On peut aussi viser à renforcer la coopération entre les acteurs d’un même territoire (par exemple avec le maire de la commune qui mettra à disposition des locaux, ou encore d’autres entrepreneurs qui ont un rôle clef dans le tissu économique).

En un mot, amplifier, c’est renforcer l’impact des dispositifs existants : toucher plus de monde et plus de territoires, transférer l’expertise en formant d’autres acteurs, renforcer des coopérations.

Comment vont se dérouler les 3 ans du programme ?

Le déroulé précis va dépendre des lauréats et de leurs projets, mais aussi de la dynamique du collectif. On sait déjà que durant la première année, nous allons mener une réflexion préliminaire sur le design et la stratégie, ce qui supposera d’animer des temps de partage d’expériences et de bonnes pratiques. Après cette phase de co-développement, il faudra définir l’accompagnement en fonction des acteurs, afin, dans un dernier temps, de capitaliser les clefs de réussite pour renforcer l’impact des projets, les coopérations et les transferts de compétences.

Avez-vous un message à adresser aux porteurs de projets qui hésitent encore à candidater ?

On a construit cet appel à contributions en fonction des besoins exprimés par les associations, dans un cadre qui ne soit pas trop enfermant et qui corresponde à leurs priorités stratégiques. Je trouve que c’est un message rassurant ! Par ailleurs, suite aux questions posées pendant le webinaire de présentation du programme, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’acteurs pensent qu’ils sont trop petits pour le programme et qu’ils n’ont aucune chance. Mais comme je l’ai dit, la diversité est un élément qui sera déterminant dans le choix des lauréats : on ne veut pas avoir 8 têtes de réseau. Il ne faut surtout pas que les petites structures hésitent, elles ont autant de chances que les autres !

 FAQ – Appels à contributions “Amplifier la réponse entrepreneuriale en ruralités”