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Retour d’expérience sur le classeur pédagogique conçu par l’association De l’or dans les mains avec le soutien du fonds de dotation Terre & Fils
Août 2024
T&F
L’idée a germé, comme souvent, au gré de longs échanges. Gabrielle Légeret, fondatrice de l’association De l’or dans les mains, et Ariane Vitou ont ainsi imaginé la création d’un bel outil pédagogique pour accompagner les jeunes collégiens et leurs professeurs tout au long du programme « Je découvre les métiers manuels ».
Celui-ci se déploie lors de trois sessions durant l’année de 5e : différents artisans organisent à cette occasion des ateliers pratiques où l’intelligence sensible et la découverte de la matière sont, pour une fois, au programme.
Ce fut d’abord un livret, puis un classeur, plus solide et plus polyvalent. Pour reprendre les mots de Gabrielle Légeret, l’association voulait « quelque chose de durable et de qualitatif que l’élève va pouvoir garder d’une année sur l’autre ».
Texte : Marie Formarier / photos : Marie Formarier, De l’or dans les mains
« Les ateliers existaient déjà depuis un an. Notre premier objectif a été de mettre autour de la table des enseignants et des acteurs de la main pour coconstruire un outil adapté », souligne Gabrielle Légeret. Neuf mois ont été nécessaires pour donner naissance au premier cahier pédagogique, distribué par le Comité Colbert lors de l’événement « Les de(u)x mains du luxe », par le Campus Versailles mais aussi par l’ONISEP, au sein de l’Éducation Nationale, afin d’offrir notamment une ressource indispensable pour le nouveau « Parcours Avenir ».
« Les ateliers existaient déjà depuis un an. Notre premier objectif a été de mettre autour de la table des enseignants et des acteurs de la main pour coconstruire un outil adapté. »
Gabrielle Légeret, fondatrice de l’association De l’or dans les mains
Le graphisme est le fruit d’un travail collaboratif mené en particulier par une classe de 5e du collège Max Jacob dans l’académie d’Orléans, l’équipe éditoriale de The Ink Link et Miss Prickly, l’illustratrice de la bande-dessinée jeunesse Mortelle Adèle. Concernant le contenu des activités proposées, « il fallait qu’il soit scolaire pour pouvoir s’intégrer aux heures de cours, et ludique pour stimuler la curiosité et l’émerveillement ». Gabrielle Légeret et son équipe retiennent alors trois grandes problématiques : qu’est-ce qu’un métier manuel ? Quels sont les différents savoir-faire mobilisés pour fabriquer un objet ? Comment se former pour exercer un métier manuel ?
Ces questions sont traitées grâce à une bande-dessinée, des jeux et des exercices. Selon les termes de Gabrielle Légeret, « à travers ces différentes activités, l’idée est de casser les stéréotypes qui touchent les métiers manuels, mais aussi de sensibiliser les jeunes au « faire », aux différentes étapes de la transformation de la matière, à l’impact écologique des choix des matériaux, etc. ». À la fin du cahier, une carte régionale permet aux élèves de situer les différents centres de formation autour de chez eux et d’identifier les savoir-faire qui font l’histoire de leur territoire.
Après un an d’utilisation de ce cahier pédagogique dans les différents établissements scolaires qui participent au programme « Je découvre les métiers manuels », le bilan est très positif. « Les activités sont intéressantes, il y a un vrai enjeu pour les maths, car les élèves y sont généralement allergiques ! Ils ont particulièrement apprécié le reportage sur la fabrication du jean », souligne M. Masle, professeur de technologie au collège André-Bauchant à Château-Renault (37).
Mme Bouchet, professeur de mathématiques dans le même établissement, ajoute que « les élèves n’ont pas forcément conscience tout de suite de faire des maths. Ils comprennent à la fin qu’ils ont appliqué les règles apprises en cours… ». Une stratégie un peu sournoise, mais qui fait ses preuves !
« Les activités sont intéressantes, il y a un vrai enjeu pour les maths, car les élèves y sont généralement allergiques ! »
M. Masle, professeur de technologie
Lors de la séance préparatoire qui intervient en amont des ateliers, les activités menées avec les professeurs sont aussi l’occasion de discussions et de débats autour des métiers manuels et des idées reçues. « On entend certains élèves qui ne s’expriment pas trop d’habitude. Ils osent pour la première fois parler des activités manuelles qu’ils font en dehors des cours. Et on note que c’est surtout du côté des parents qu’il va falloir travailler sur les stéréotypes, car la voie professionnelle a encore mauvaise réputation ! », remarque Mme Sanmiquel, professeur d’arts plastiques au collège Jules-Ferry à Aurillac (15).
« On entend certains élèves qui ne s’expriment pas trop d’habitude. Ils osent pour la première fois parler des activités manuelles qu’ils font en dehors des cours. »
Mme Sanmiquel, professeur d’arts plastiques
Le caractère à la fois esthétique et ludique de l’outil porte ses fruits, selon M. Bondu, principal de collège Le Parc à Dijon (21) : « le cahier rend les choses accessibles aux enfants. Ils découvrent qu’ils ne sont pas obligés de rester dans le système scolaire classique jusqu’au bout ; et en même temps, les ateliers montrent à quel point l’ensemble des matières est mobilisé et nécessaire dans les métiers manuels. Mener ce programme dès la 5e, c’est comme semer des graines… ».
Le format du classeur permet enfin aux jeunes qui le souhaitent de compléter le contenu initial avec d’autres intercalaires au fil de leur scolarité, en ajoutant par exemple le compte-rendu de visites d’atelier, un mini reportage sur les Journées européennes des métiers d’art, des cartes de visite et un annuaire d’artisans proches géographiquement, des idées de stage… Les possibilités sont multiples !
« Mener ce programme dès la 5e, c’est comme semer des graines… »
M. Bondu, principal