Agir
Bientôt 10 ans au service des entreprises de savoir-faire
Octobre 2024
T&F Investissement
Le Studio La Racine, créé en 2015 par Tiphaine Chouillet et Tania Clemente, va bientôt souffler ses dix bougies. Une belle longévité pour cette structure qui se démarque par son approche globale et son parti-pris en faveur du design et des savoir-faire.
Soutenu depuis 4 ans par le fonds Terre & Fils Investissement, le studio a su évoluer pour répondre aux nouveaux défis économiques rencontrés par les manufactures françaises et les marques héritage, sans pour autant renoncer à ses principes. Tiphaine Chouillet revient sur ce parcours exemplaire.
Le studio compte désormais une dizaine d’experts répartis en trois domaines de compétences : le pôle design industriel et graphique ; le marketing et la stratégie de marque ; le sourcing en collaboration avec le bureau d’éco-conception la Source Française – que j’ai cofondé avec Benjamin Lasserre.
Nous n’avons pas voulu créer une agence classique, mais plutôt une équipe pluridisciplinaire capable de proposer un accompagnement complet aux entreprises de savoir-faire, respectueux de leurs racines, de leur identité territoriale et de leurs collaborateurs. Ces trois expertises viennent donc nourrir ce projet dans une approche globale et cohérente.
Nous nous adressons aux manufactures françaises historiques comme La Rochère ou Le Soulor, aux marques héritage comme Maison Pradier mais aussi aux initiatives industrielles fortement engagées comme AMIPI.
Le studio a bien changé, notamment dans son organisation interne, mais la problématique centrale est restée la même : comment mieux valoriser les entreprises du patrimoine ? comment s’appuyer sur le design industriel pour revitaliser et renouveler les savoir-faire ? comment aider ces fabricants à incarner une posture et une image de marque ?
Le mot-clef, c’est la pérennisation. Et c’est un vrai défi aujourd’hui, car après l’embellie post-Covid, le marché reste fragile. Il faut donc bien souvent repenser de nouveaux produits dans de nouveaux business models, sans pour autant trahir leur histoire et leur identité.
Les difficultés que rencontrent aujourd’hui les entreprises françaises sont bien connues : l’explosion du prix de l’énergie et des matériaux, la pénurie de main-d’œuvre et le turn-over des équipes. À cela s’ajoute la question écologique avec la gestion des matériaux et des déchets dans la chaîne de production.
Pour nous, cette question est très liée au design industriel et au sourcing. Que faire des chutes ? Comment développer la filière de la seconde main et faire appel à la récupération ?
C’est là que notre collaboration avec la Source Française s’avère essentielle, car l’objectif, pour les entreprises, c’est de trouver les bons fournisseurs et les bons partenaires. L’enjeu environnemental n’est pas qu’un argument marketing ou un vernis artistique, il touche vraiment aux problématiques vitales de l’industrialisation et de la rentabilité de la production (re)localisée en France.
Pour réussir la relocalisation d’une production, il faut souvent réfléchir davantage sur les compétences elles-mêmes que sur le domaine de spécialisation : par exemple, une entreprise qui réalise des pieds de lit en bois sera capable de fabriquer des pilons pour la cuisine ! Le vrai défi du Made in France, c’est donc de renouveler l’existant pour développer des coopérations industrielles qui font vivre les populations et les territoires.