Raconte-moi un savoir-faire

Il était une fois la rencontre fructueuse entre le fonds de dotation Terre & Fils et la fédération nationale Familles Rurales. À la clef : un projet collaboratif pour raconter les belles synergies à l’œuvre dans différents territoires autour des savoir-faire locaux. Les initiatives accompagnées depuis mai 2022 ont désormais chacune leur récit, publié dans un ouvrage illustré et pédagogique : Récits de savoir-faire. Un travail mené de concert, notamment par Dorothée Cognez (conseillère technique de Familles Rurales) et Laure Garancher (coordinatrice et cofondatrice de The Ink Link). Nous les avons rencontrées toutes les deux pour revenir sur cette narration à la fois singulière et plurielle. 

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Texte: Marie Formarier – Photos : The Ink Link

Quel sens donner à la collaboration de Familles Rurales et The Ink Link ?

Dorothée Cognez : Notre objectif n’était pas seulement de réaliser un bel ouvrage. Le caractère esthétique était important, bien sûr, mais nous voulions avant tout que ce livre soit une ressource, un outil, et qu’il soit accessible à tous – c’est la raison pour laquelle il sera disponible gratuitement en ligne sur le site de Familles Rurales. La collaboration avec The Ink Link était donc toute naturelle.

Laure Garancher : Depuis 7 ans, l’association The Ink Link crée des supports pédagogiques pour mettre en lumière des projets interculturels qui valorisent les territoires et les patrimoines locaux. Nous avons l’habitude de rendre accessibles des contenus plutôt techniques, grâce en particulier à l’illustration et à la bande-dessinée.

Concrètement, comment s’est déroulée votre collaboration ?

Laure Garancher : Nous sommes parties d’un canevas précis. L’idée était de consacrer une double page à chaque projet, avec une petite mascotte dessinée et des photos. Nous avons pris appui sur la grande histoire du produit et le contexte culturel des savoir-faire, puis nous nous sommes focalisées sur les actions menées dans les territoires et sur les clefs de réussite. Les personnes qui maîtrisent ces savoir-faire ne savent pas forcément les mettre en valeur : nous avons donc consacré beaucoup de temps à échanger avec elles pour récolter du contenu.

Dorothée Cognez : La valorisation des savoir-faire demande une prise de recul qui n’est pas évidente. Notre mission avec Ariane Vitou (Terre & Fils) a été d’accompagner au plus près les acteurs sur le terrain afin qu’ils puissent non seulement concrétiser leurs projets, mais aussi apprendre à en parler et identifier les raisons de leur succès.

Laure Garancher : Ces personnes avaient un vrai besoin d’accompagnement, pas seulement financier. C’est aussi pour cette raison que le projet s’est réalisé sur une longue période, de mai 2022 à décembre 2023. L’élaboration de l’ouvrage a suivi cette temporalité, c’était un travail de longue haleine. Mais c’était nécessaire.

Dorothée Cognez : Durant tout ce temps, nous nous sommes adaptées à la réalité du terrain et aux besoin des acteurs. D’ailleurs, nous remercions vraiment Ariane Vitou de Terre & Fils pour son aide précieuse ! Il fallait, pour chaque initiative, construire et expliciter le lien entre art et artisanat. En tant que financeur, cela me semble important de recoller à cette réalité, notamment dans le domaine de la médiation culturelle.

En quoi la narration élaborée dans ce projet est-elle différente des récits proposés notamment dans le marketing territorial ?

Dorothée Cognez : Même si l’attractivité territoriale fait partie des enjeux,  les Récits de savoir-faire ont été écrits collectivement, par et pour les habitants et les acteurs de terrain. Le but est de valoriser l’existant, de raconter ce qui se passe afin d’initier d’autres projets à l’échelle locale. Finalement, l’ouvrage valorise les ressources dont le territoire dispose déjà pour renforcer ses dynamiques internes. La consolidation du patrimoine à travers le récit des gestes et de leur transmission est un levier de développement, au-delà du simple attrait touristique.

Laure Garancher : L’élaboration du support avait bien pour objectif de refléter cette réalité : les photos en sont une belle preuve, car elles sont naturelles ! Contrairement au marketing, nous ne cherchons pas à vendre, mais à tisser du lien entre les générations, sur le long terme. La valorisation du territoire est ainsi ancrée dans ce qu’il y a de plus concret : les rapports humains et les actions menées à l’échelle locale.

Quels sont les premiers retours que vous avez récoltés à la réception de cet ouvrage par les acteurs de terrain ?

Laure Garancher : Les porteurs de projets et toutes les personnes impliquées sont très fiers. Le support matériel permet vraiment de mettre en avant les initiatives, de renforcer un sentiment d’appartenance et de réaliser aussi la véritable portée de la transmission des savoir-faire – la prise de recul dont nous parlions tout à l’heure.

Dorothée Cognez : Cet ouvrage permet en particulier de mettre des mots et des images sur les liens intergénérationnels. Il y a une beaucoup d’émotion lorsque nous avons remis les exemplaires aux anciens de l’EHPAD, dans le cadre du projet sur l’asperge. C’était un moment très fort, qui venait couronner un magnifique projet impliquant tous les âges.

Laure Garancher : C’est aussi cette part d’émotion et de fierté qui peut éveiller d’autres initiatives dans les territoires. Quand il sera accessible au grand public, cet ouvrage ouvrira le champ des possibles !

« Après la vague de modernisation et de consommation des années 60 à 80, on est retourné aujourd’hui progressivement vers les produits traditionnels. Mais les savoir-faire ont disparu et de nouveaux métiers peuvent renaître de ces anciens emplois, tant en rénovation qu’en création. Les femmes sont aussi aux commandes de ses nouveaux métiers. »

« L’opportunité de mettre en place un projet qui était en réflexion depuis quelques temps »

« L’accompagnement de Terre & Fils et de Familles Rurales nous a permis de développer notre projet initial, d’aller plus loin dans notre démarche. »

« Nous allons ouvrir pour de bon l’atelier de faïence »

« L’objectif était de développer des circuits de découverte associant le paysage, le patrimoine, les producteurs et leurs produits.