Entreprendre dans les métiers de savoir-faire : quelles formations pour répondre au grand défi de la reprise ?

Comment donner le goût et les moyens d’entreprendre aux nouvelles générations d’artisans ? Terre & Fils s’est entretenu avec des entrepreneurs et des dirigeants de nouvelles structures de formation pour réfléchir à ces nouvelles voies.

Crédits photo : Julie Limon – Manufacture Bohin

L’entrepreneuriat de savoir-faire participe au développement d’une économie particulièrement dynamique. Portée par une demande croissante, celle-ci pourrait même exploser dans les années à venir avec le phénomène des relocalisations. Pourtant, nombre d’entreprises aux carnets de commandes bien remplis sont confrontées à un défi de taille pour assurer la pérennité de leurs activités : trouver des repreneurs. Que leur objectif soit le changement d’échelle ou le remplacement d’un dirigeant en passe de prendre sa retraite, la tâche est ardue. Trouver la ou les bonnes personnes à qui confier les rênes d’une manufacture patrimoniale, qui est parfois restée entre les mains d’une même famille pendant plusieurs générations, n’est pas une mince affaire. Surtout lorsqu’aucun des salariés de la maison n’est suffisamment armé ou motivé pour se lancer dans l’aventure. Les profils cumulant la maitrise d’un ou de plusieurs savoir-faire manuels avec les compétences requises pour diriger une entreprise sont rares. Pour répondre à cette grande problématique, des écoles et des instituts de formation ont mis au point des dispositifs destinés à donner le goût et les moyens d’entreprendre aux nouvelles générations d’artisans dans les zones urbaines et rurales. Décloisonner les enseignements, favoriser l’estime de soi et responsabiliser via la mise en situation font partie des axes explorés par ces établissements, avec l’ambition commune d’ouvrir le champ des possibles. Pour comprendre les mécanismes développés au sein de ces initiatives, Terre & Fils s’est entretenu avec des membres du Campus Versailles, du Campus Métiers d’Art & Design des Gobelins, de la Fédération des Écoles de production et de l’Institut de Tramayes. Découvrez notre nouvelle mini-série en 3 épisodes. 

Épisode 1 : Décloisonner les enseignements pour former les futurs entrepreneurs de savoir-faire

Selon la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, 300 000 entreprises pourraient être cédées dans les 5 à 10 prochaines années, en partie en raison de la pyramide des âges. Pour trouver des successeurs aux dirigeants sur le départ, les structures de métiers d’art – souvent des TPE et des PME – se tournent tantôt vers les jeunes diplômés tentés par l’entrepreneuriat, tantôt vers des artisans expérimentés en quête de perspectives d’évolution. Mais ils sont peu nombreux à disposer des compétences nécessaires pour administrer une société. D’ailleurs, toujours selon la CMA, 44% des chefs d’entreprises eux-mêmes expriment un besoin en formation. Il était donc urgent de trouver des solutions ! Armelle Weisman, Directrice opérationnelle du Campus Versailles, et Héloïse Leboucher, Directrice opérationnelle du Campus Métiers d’Art & Design – Manufacture des Gobelins Paris, chapeautent toutes les deux des projets stratégiques et transversaux qui visent, entre autres, à former les futurs entrepreneurs de l’économie du savoir-faire.  

Selon la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, 300 000 entreprises pourraient être cédées dans les 5 à 10 prochaines années, en partie en raison de la pyramide des âges. Pour trouver des successeurs aux dirigeants sur le départ, les structures de métiers d’art – souvent des TPE et des PME – se tournent tantôt vers les jeunes diplômés tentés par l’entrepreneuriat, tantôt vers des artisans expérimentés en quête de perspectives d’évolution. Mais ils sont peu nombreux à disposer des compétences nécessaires pour administrer une société. D’ailleurs, toujours selon la CMA, 44% des chefs d’entreprises eux-mêmes expriment un besoin en formation. Il était donc urgent de trouver des solutions ! Armelle Weisman, Directrice opérationnelle du Campus Versailles, et Héloïse Leboucher, Directrice opérationnelle du Campus Métiers d’Art & Design – Manufacture des Gobelins Paris, chapeautent toutes les deux des projets stratégiques et transversaux qui visent, entre autres, à former les futurs entrepreneurs de l’économie du savoir-faire.  

Au Campus Versailles, revalorisation des métiers manuels et fondamentaux de l’entrepreneuriat

Ouvert fin 2021 au cœur de la Grande Écurie du roi du château de Versailles, ce campus singulier accueille des élèves de tous les âges, des collégiens aux professionnels en reconversion. Défini comme un « pôle de formation et d’innovation au service du renouveau des métiers du patrimoine et de l’artisanat d’excellence », il a pour vocation « d’encourager partout et sous toutes ses formes la transmission des savoirs et le développement des entreprises ». De nombreuses formations y sont proposées, notamment un parcours de sensibilisation et d’accompagnement à l’entrepreneuriat. « La particularité, pour les entrepreneurs de savoir-faire, est le lien très fort entre la gestion de l’entreprise et la connaissance du métier », explique Armelle Weisman, la Directrice opérationnelle du Campus Versailles, par ailleurs Présidente du Réseau Entreprendre Paris et membre du Campus de la Transition. Elle insiste sur la nécessité d’aider les artisans à comprendre comment fonctionne une entreprise et à quoi ressemble le quotidien de celui ou celle qui la dirige. « Il faut leur expliquer en quoi consiste la gestion RH, qu’est-ce que le dépôt de fonds, le capital de départ, un actionnaire, un mandataire, un modèle de revenus, etc. Et leur donner les bases pour penser un projet, l’écrire, le présenter et le vendre », détaille-t-elle. En plus des enseignements pratiques, le campus s’attache à redonner confiance à des artisans victimes de la dévalorisation des métiers manuels qui s’est opérée au cours des dernières décennies. « Chez nous, chaque jeune est suivi à la fois par un mentor bénévole et par un coach qui les aident à franchir les barrières mentales qu’ils peuvent avoir », précise Armelle Weisman. 

Le Campus Versailles développe des formations innovantes qui permettent aux jeunes pré et post bac de suivre des formations diplômantes  pour découvrir les métiers en situation professionnelle et par la pratique.

Une formation « De la forêt au salon : vers les métiers du bois, du design et du patrimoine »
Une formation « De la terre à la table : vers les métiers de l’agriculture, de la gastronomie et du design culinaire.

Une classe prépa métiers d’art en collaboration avec l’académie des métiers d’art de Pantin qui ouvrira à la rentrée 2023, accessible dès l’âge de 16 ans pour amener les jeunes à. découvrir des métiers d’art inconnus d’eux, et en forte demande de main d’oeuvre

Ces formations, accessibles sur parcours sup sont couronnées par un diplôme Bac + 1 de l’université CY Cergy Paris et avec des équivalences et des passerelles en fonction des choix de spécialisation.

Au Campus des Métiers d’Art & du Design, un Bachelor d’un nouveau genre

En partenariat avec le CNAM et l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (ENSAAMA), les équipes du Campus des Métiers d’art & du Design travaillent depuis des mois à la mise en place d’un nouveau Bachelor en apprentissage intitulé « Entreprendre dans les métiers d’art et du design ». Accessible via Parcoursup, il sera lancé en septembre 2023 avec une promotion de 18 élèves issus de formations professionnelles de niveau bac dans les Métiers d’art. Au total, sur 3 ans, ils recevront 1200 heures d’enseignements et consacreront 3621 heures au développement d’un projet, à des stages ou à de l’apprentissage en alternance. « La transmission d’une entreprise suppose qu’une relation étroite se soit nouée entre le dirigeant actuel et son successeur, souligne Héloïse Leboucher, Directrice opérationnelle du Campus Métiers d’Art & Design. L’idée est donc de placer en apprentissage des étudiants auprès d’artisans qui cherchent quelqu’un qui soit capable de s’inscrire dans leurs pas et de poursuivre l’histoire de l’entreprise. » En plus des modules dédiés aux métiers d’art, le Bachelor comprendra des cours habituellement dispensés dans les écoles de commerce comme la gestion, le management, l’économie, la prise de parole, l’anglais ou encore le droit des affaires, des sociétés et du travail. Enfin, pour favoriser le mode projet et la dynamique de réflexion en équipe, les promotions seront mixtes. « Nous pourrons recruter des élèves en ébénisterie, en horlogerie, en bijouterie, en plumasserie ou en vitrail, par exemple, assure Héloïse Leboucher. Nous les encouragerons à collaborer sur des sujets transversaux tels que la démarche de création, le sourcing ou la veille technologique. » Une démarche innovante qui permettra à ces apprentis de perfectionner leur maitrise du geste et d’acquérir un solide bagage pour entreprendre. 

Les très renommés Compagnons du devoir et du tour de France sont membres de la Conférence des Grandes écoles. Avec leur service « Entreprendre », ils accompagnent les projets de créations et de reprises d’entreprises portés par leurs membres. En parallèle, ils proposent des programmes pour les autres artisans. Notamment des stages préparant à la prise de responsabilités en entreprise via des enseignements commerciaux, financiers, managériaux et juridiques : « Gérer une entreprise » (35 heures), « Diriger » (246 heures avec un projet tutoré conducteur), ainsi que des formations individualisées à la gestion financière.

www.compagnons-du-devoir.com/entreprendre

Épisode 2 : Faire pour apprendre et responsabiliser par la mise en condition réelle

Benoit de Larouzière a fait carrière dans un grand cabinet de conseil anglosaxon. Et puis il a tout quitté il y a plus de cinq ans, lassé par un fonctionnement qu’il qualifie de « déshumanisé », pour reprendre la direction de la Filature de Fonty. Établie depuis 1880 à Rougnat, dans la Creuse, cette pépite du patrimoine manufacturier hexagonal aurait pu fermer ses portes comme tant d’autres, faute de repreneur. Car diriger une telle structure suppose de posséder un large éventail de compétences. « Il y a une immense variété de tâches à accomplir en tant que chef de moyenne entreprise », prévient Benoit de Larouzière. Avant d’énumérer, pêle-mêle : « gérer l’équipe, les clients et les fournisseurs, les démarches commerciales, la création de nouveaux produits, la logistique, la réception des marchandises, la maintenance des machines, la sécurité, la création du site internet, la comptabilité, les relations avec les structures étatiques et territoriales, entre autres ». Il constate, par ailleurs, que « souvent, les artisans n’ont pas été formés à la gestion, au marketing, ni même à la compréhension des mécanismes économiques d’une entreprise. » Dès lors, il n’est pas surprenant que les jeunes artisans aient autant de mal à se projeter dans les fonctions patronales. « D’autant plus qu’on ne valorise pas assez les métiers artisanaux, et, plus généralement, les métiers de production », déplore le dirigeant de Fonty. « Le corps pédagogique de l’enseignement général semble même avoir complètement oublié les métiers de production ! » se désole-t-il. Pourtant, les cadres supérieurs en reconversion, et souvent en quête de sens, qui postulent pour reprendre ou développer des ateliers et des petites manufactures, sont amenées à être de plus en plus souvent challengés par des d’artisans rompus aux processus de fabrication et ayant, à leur tour, reçu des enseignements à la gestion d’entreprise. Ainsi, grâce à une pédagogie qui s’appuie sur la mise en situation, les Écoles de production permettent de former des jeunes dans les conditions de la vie en entreprise.  Cette méthode, qui a fait ses preuves, vise à responsabiliser très tôt des élèves que le système scolaire général avait mis sur la touche, tout en leur donnant l’envie et les bases nécessaires pour entreprendre.

Faire faire aux jeunes : un puissant levier pour renforcer la confiance en soi et favoriser l’égalité des chances 

Les écoles de production sont des écoles techniques privées reconnues par l’État et gérées par des organismes à but non lucratifs. Elles ont pour but de faciliter l’insertion professionnelle de jeunes sans qualification. Nommées Écoles de production en 1994, elles sont les héritières des Ateliers d’apprentissage créés en 1882. On en dénombre plus de 50 en France. Elles ont déjà formé 12 000 jeunes. Chaque école est gérée par une association loi 1901 qui regroupe des entreprises, des structures d’accompagnement des jeunes et des organisations territoriales. « L’idée est de réunir dans un même lieu une salle de classe et des ateliers conçus à l’image de ceux de l’entreprise, déroule Patrick Carret, le Directeur général de la Fédération Nationale des Écoles de production. » Le principe de l’égalité des chances remplace les traditionnels systèmes de sélection sur dossiers ou sur concours. L’inscription est validée à l’issue d’un stage de découverte obligatoire au sein de l’école, qui permet aux candidats de s’assurer que le métier les intéresse et de se rendre compte des conditions d’apprentissage. La décision est ensuite prise par le jeune, en concertation avec sa famille et le directeur de l’école. Chaque classe ne compte qu’une dizaine d’élèves, ce qui rend possible un suivi personnalisé. 18% de l’ensemble des élèves sont des mineurs non accompagnés, 50% résident dans des quartiers sensibles et 40% souffrent de troubles DYS (dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dysgraphie et dyscalculie). Le cycle peut durer 2 ans pour un CAP ou 4 ans pour un bac pro. Dans ces écoles où l’on étudie les matières générales tout en apprenant un métier, ils reprennent confiance en eux et se dirigent vers l’emploi ou l’entrepreneuriat. 10% des apprenants sortis des écoles de production les plus anciennes sont d’ailleurs devenus chefs d’entreprise. 

« L’idée est de réunir dans un même lieu une salle de classe et des ateliers conçus à l’image de ceux de l’entreprise »

Patrick Carret, Directeur général de la Fédération Nationale des Écoles de production

Quand les carnets de commandes remplacent les carnets de notes

Le cursus fonctionne sur le même principe que les formations en alternance. La seule différence est que l’entreprise a recrée un atelier au sein de l’école. Chaque élève passe 35 heures par semaine dans l’enceinte de l’établissement, dont 24 dans l’atelier. « Nos jeunes travaillent sur des commandes réelles passées par les entreprises, précise Patrick Carret. En leur confiant des tâches avec une exigence d’excellence, le formateur les responsabilise. Ils ne fabriquent pas des pièces qui seront notées et mises de côté, mais pour une commande émise dans le cadre d’un besoin réel et qui doivent répondre aux standards de qualité du marché professionnel puisqu’elle est facturée au prix du marché. Les pièces doivent être usinées au dixième de millimètre près et livrées chez le client dans un délai donné. » Cette mise en situation les aide à comprendre la finalité de leur métier. L’apprentissage est ainsi plus opérationnel, plus concret, et plus efficace. Les ventes générées par les commandes, qui sont le principal matériau pédagogique, génèrent quelques recettes pour l’école. Lorsqu’ils ne sont pas à l’œuvre dans l’espace atelier, les élèves reçoivent des enseignements dans des matières dites « générales » comme les maths ou le français. Mais avec une dimension pratique très marquée. Par exemple, en s’exerçant à calculer la TVA pour réaliser les factures de l’atelier. Ces écoles permettent aussi de répondre aux besoins en main d’œuvre qualifiée des entreprises. Patrick Carret observe une forte demande dans les textiles (mode, cuir, textile flous), dans la restauration (cuisine et service en salle), ou encore dans la bijouterie et le polissage des métaux. Le succès de la méthode pousse les entreprises à solliciter des partenaires pour créer de nouvelles écoles de production. « Cela contribue à redynamiser le savoir-faire français », se réjouit Patrick Carret. 

« Nos jeunes travaillent sur des commandes réelles passées par les entreprisesEn leur confiant des tâches avec une exigence d’excellence, le formateur les responsabilise. Ils ne fabriquent pas des pièces qui seront notées et mises de côté, mais pour une commande émise dans le cadre d’un besoin réel et qui doivent répondre aux standards de qualité du marché professionnel puisqu’elle est facturée au prix du marché. Les pièces doivent être usinées au dixième de millimètre près et livrées chez le client dans un délai donné. »

Patrick Carret, Directeur général de la Fédération Nationale des Écoles de production

Les secteurs concernés par les écoles de production :

– automobile (mécanique, carrosserie, peinture)

– restauration

– métiers paysagers et agricoles (espaces verts, travaux paysagers, maraichage, primeur)

– industrie (mécanique d’usinage, textile, chaudronnerie, électricité industrielle, assemblage montage, bijouterie-polissage)

– bâtiment (métallerie, serrurerie, menuiserie, aluminium, etc)

– métiers du bois (scierie, menuiserie, charpente, ossature)

ÉPISODE 3 :  Penser, œuvrer et entreprendre au service de la ruralité

L’opposition entre les enseignements dits « intellectuels », valorisés socialement, et ceux dits « manuels », trop souvent déconsidérés, est très ancrée dans le système français. Elle est pourtant fortement discutable. D’abord parce qu’il faut une bonne dose d’intellect pour penser, concevoir et réaliser une pièce de ses mains. Mais aussi parce qu’il ne semble pas raisonnable de priver toute une partie de la jeunesse de l’accès à des connaissances primordiales au prétexte qu’elle ne les assimile pas au rythme imposé par le calendrier scolaire et selon les méthodes préconisées par l’Éducation nationale. Il est donc indispensable de dépasser cette dichotomie pour répondre aux grands enjeux du XXIème siècle, en particulier l’exigence croissante d’occuper des emplois porteurs de sens et le besoin de contribuer aux transformations du monde exprimées par les jeunes générations. Voilà pourquoi l’association Arcenciel France, spécialisée dans l’entrepreneuriat social, a créé l’Institut de Tramayes. Sa mission est de taille : réconcilier les enseignements académiques et l’apprentissage d’un métier manuel et offrir les outils pour accéder à une citoyenneté complète. 

Former des citoyens éclairés 

Installé dans l’ancienne école élémentaire d’un village du Sud de la Bourgogne, l’Institut de Tramayes accueillera ses premiers élèves en octobre 2022 pour une durée de 3 ans. La vocation de ce projet, en partie inspiré par l’Éducation populaire, est d’«apprendre à penser, œuvrer et entreprendre au service de la ruralité et du monde ». Alors que la plupart des formations aux métiers de savoir-faire se concentrent sur la dimension manuelle, il fait la part belle aux disciplines enseignées dans les filières générales, dans les grandes écoles et dans les universités. « Nous proposons à nos étudiants de comprendre le monde et ses enjeux, plante Guillaume Moraël, Directeur de l’association Arcencielfrance et cofondateur de l’Institut. D’habitude, quand on envisage la formation aux métiers manuels, on considère que cela n’est pas nécessaire, ce qui est insupportable à mon sens. Qu’on soit charpentier ou financier à La Défense, il est utile d’être un citoyen éclairé et de participer à la vie de la cité, poursuit-il. Il ne nous semble pas pertinent de dissocier les enjeux du monde de l’apprentissage d’un geste. C’est pourquoi, dès la première année il y a des enseignements en sciences humaines et sociales : de la géographie, de l’histoire, de la géopolitique, de l’économie, de la philosophie ou encore des sciences politiques. »

Crédits : Institut de Tramayes

« Qu’on soit charpentier ou financier à La Défense, il est utile d’être un citoyen éclairé et de participer à la vie de la cité, poursuit-il. Il ne nous semble pas pertinent de dissocier les enjeux du monde de l’apprentissage d’un geste. »

Guillaume Morael, Co-fondateur de l’Institut de Tramayes

Donner les clés pour entreprendre 

Pour que les étudiants aient toutes les chances de bien choisir le métier manuel auquel ils voudront se former, l’Institut a prévu des initiations thématiques aux savoir-faire du bois (menuiserie, charpente), du métal (métallerie, forge), de la petite mécanique et du maraichage. Plusieurs stages pratiques sont inclus dans le programme, dont un de deux mois en entreprise, destiné à confirmer le choix du métier, et un autre au sein d’une association ou dans une collectivité. L’apprentissage du métier manuel démarrera concrètement à partir de la deuxième année. « Nous avons établi des partenariats avec des maisons familiales rurales et des CFA. Nos étudiants choisiront un CAP qu’ils réaliseront en un an en alternance », indique Guillaume Moraël. L’entrepreneuriat est le troisième axe autour duquel s’articule la formation au sein de cet étonnant institut bourguignon, avec une initiation à la gestion de projet. Pour ne pas former des gens à des savoir-faire ne correspondant à aucun débouché, l’équipe oriente les apprentissages vers les besoins du pays. « Nous avons tissé un réseau de parties prenantes avec des artisans, des commerçants, des particuliers, des associations, ainsi que des élus ou des techniciens de collectivités locales, pour comprendre quels sont les besoins du territoire et comment nos étudiants pourraient apporter des réponses ponctuelles à certains sujets,  pour appréhender l’entrepreneuriat à travers une expérience réelle et concrète », développe Guillaume Moraël. Le programme de la troisième année est assez proche de celui d’une école de commerce, à ceci près qu’il est tourné vers l’économie sociale et solidaire et le monde rural. Les cours de comptabilité, de finance, de marketing, de communication, de ressources humaines, ou d’animation d’équipes, faciliteront le passage à l’entrepreneuriat.  Toutes ces initiatives innovantes  devraient susciter un maximum de vocations dans les années à venir. Et c’est une très bonne nouvelle pour l’économie française !

Quels sont les principaux critères de sélection de l’Institut de Tramayes ?

– être titulaire du bac

– vouloir apprendre un métier manuel

– s’intéresser au monde rural

– faire preuve de curiosité lors de l’entretien

avoir un goût pour le travail en équipe